L’ACCROISSEMENT DE LA POPULATION MONDIALE ET LES POLITIQUES
INTRODUCTION
Malgré les difficultés des statistiques, on parvient à saisir les cordons généraux de l’évolution de la population mondiale. Après une longue période de stagnation, la croissance démographique mondiale, d’abord lente, s’accélère de manière spectaculaire aux XIXe et XXe siècles. L’accroissement de la population est inégal dans le temps et dans l’espace. Quelles sont les causes de cette augmentation ? Quelles en sont les conséquences ? Quelles sont les stratégies ou politiques démographiques mises en œuvre pour juguler la pression démographique ?
I-L’EVOLUTION DE LA POPULATION MONDIALE
1-Les sources des données démographiques
L’évolution de la population mondiale, à croître ou à décroître, résulte du rapport entre le nombre de naissances et le nombre de décès ou mouvement de la population dans le temps. Ces mouvements sont connus grâce aux opérations de recensement, aux estimations, aux sondages, effectués dans le temps.
Le recensement est la radiographie qui permet de connaître et de mesurer les structures de la population. C’est un ensemble d’opérations qui consiste à recueillir et à publier des données démographiques, économiques et sociales se rapportant à un moment déterminé et à une certaine période à tous les habitants d’un même pays. Il est plus fiable, mais il est coûteux.
Dans un sondage, une partie de la population est prise comme échantillon, tout comme l’estimation qui est réalisée à partir de projections. Le coût est moindre, mais il présente quelques limites :
– déplacements des populations ;
– blocage socioculturel ;
– fiabilité des données ;
– erreurs d’échantillonnage.
2-Evolution de la population mondiale
L’accroissement de la population mondiale ne date guère que de deux siècles. En effet, à partir du XVIIe siècle, l’augmentation de la population s’opère sur un rythme très rapide. Aussi l’Humanité est-elle passée de 500 millions d’âmes en 1650 à 2,5 milliards en 1950. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le nombre d’habitants de la planète a plus que doublé car, à partir de cette date, les pays en développement, qui n’étaient pas concernés par cette évolution, ont pris le relais. Ils connaissent depuis lors un accroissement de leur population qu’ils ne parviennent pas à contrôler (Inde, Afrique subsaharienne) cependant, depuis le milieu des années 1960, le taux de croissance diminue.
3-Les causes de l’accélération de la croissance
Il faut faire la corrélation entre l’accélération de la croissance et la grande phase de développement technique et industriel connue par l’Occident puis l’ensemble de la planète (révolutions industrielle et agricole). Ces progrès ont permis un recul du taux de mortalité tandis que le taux de natalité restait durablement soutenu. Ainsi l’accroissement naturel a pu atteindre le taux de 2 % par an pendant la période 1960-1975, avant de descendre à 1,6 % au cours de la décennie 1990-2000.
II-LES DISPARITÉS SPATIALES DE LA CROISSANCE ET LA TRANSITION DEMOGRAPHIQUE
1-Les disparités spatiales de la croissance
Les rythmes démographiques diffèrent en fonction des niveaux de développement. Aujourd’hui, la croissance de la population mondiale est due aux pays du Sud. En effet, sur dix nouveaux habitants de la planète, neuf voient le jour dans un pays en développement. Le taux d’accroissement annuel moyen y est souvent supérieur à 2 %, ce qui représente un doublement de la population en cinquante ans. Par exemple, selon les prévisions du FNUAP, la population de l’Afrique passerait de 850 millions d’habitants en 2002 à 1,8 milliard en 2050 et la part de l’Afrique subsaharienne dans la population mondiale devrait atteindre 18 % en 2050 contre 10 % en 2002.
Les pays industrialisés, quant à eux, connaissent une croissance démographique très réduite (environ 0,5 % d’accroissement annuel moyen) et même négative parfois (en Allemagne par exemple). Elle s’explique par un taux de fécondité très faible (1,8 enfant par femme) et un vieillissement de la population. La dénatalité, c’est-à-dire la forte diminution des naissances (10 %o en Europe ; 13,8 %o en Amérique du Nord) augmente la proportion des personnes âgées.
2-La transition démographique
Inspiré par Adolphe Landry, c’est le modèle théorique qui permet d’expliquer les différences des rythmes de croissance de la population mondiale dans le passé et dans le présent. Schématiquement, on observe trois phases :
– Première phase : Elle correspond au régime démographique « primitif », antérieur à la révolution industrielle, marqué part une natalité forte presque annulée par une mortalité également élevée. La croissance de la population est alors faible, et les hommes et les ressources s’équilibrent : c’est l’équilibre « haut ».
– Deuxième phase : Elle apparaît à la fin du XVIIIe siècle ou au début du XIXe siècle, quand les progrès économiques ont autorisé une forte baisse de la mortalité tandis que la natalité tardait à baisser. L’accroissement naturel est alors à son comble.
– Troisième phase : Depuis le début du XXe siècle, la diminution de la natalité, combinée au faible taux de mortalité, détermine l’équilibre « bas » caractérisé par le faible taux d’accroissement naturel des pays européens d’aujourd’hui.
La plupart des pays du Nord ont déjà achevé la transition démographique. Par contre, les pays du Sud en sont dans la deuxième phase. Cependant, cette théorie de la transition démographique est discutable pour les pays en développement.
III-LES CONSEQUENCES DE LA CROISSANCE DE LA POPULATION ET DES POLITIQUES DEMOGRAPHIQUES
1-Les conséquences de la croissance de la population
Dans les pays industrialisés, la population vieillit. Le progrès économique explique la baisse de la fécondité et la diminution de la natalité. En Europe, rares sont les pays ayant un taux de fécondité permettant le renouvellement des générations, c’est-à-dire un indice synthétique de fécondité (ISF) supérieur ou égal à 2,1. Le vieillissement de la population pose de sérieux problèmes : baisse du dynamisme de la société, difficultés pour le financement d’une protection sociale de plus en plus coûteuse dans les domaines de la santé et de la retraite, etc.
Dans les pays en développement, le taux de fécondité est élevé, même s’il est en baisse en Asie et en Amérique latine. Dans ces pays, les jeunes de moins de 20 ans représentent plus de 50 % de la population contre moins de 30 % dans les pays du Nord. Les conséquences de cette jeunesse de la population sont nombreuses : le sous-emploi car beaucoup de jeunes arrivent sur le marché du travail chaque année, les problèmes de scolarisation, les difficultés à satisfaire les besoins alimentaires, etc.
2-Les politiques démographiques
Elles visent à contribuer au développement en prenant des mesures qui, directement ou indirectement, ont pour but d’influer sur la démographie. Parmi celles-ci, on peut citer l’instauration d’un âge minimum réglementaire au mariage, les programmes d’incitation à l’utilisation de moyens contraceptifs, le contrôle de l’immigration, etc. Déjà, dès 1798, l’économiste anglais Thomas Robert Malthus (1766-1834) pensait que l’augmentation de la population entraînerait une croissance des besoins alimentaires qui finirait par freiner la croissance économique. Aujourd’hui, cette théorie est discutable et l’on se demande si une population nombreuse est un atout ou un frein au développement.
Dans certains pays en développement, les politiques antinatalistes se sont soldées par un échec ; ce qui prouve que « le développement est le meilleur des contraceptifs ». Dans les pays riches, une nouvelle politique démographique visant à encourager une reprise de la natalité est menée car le vieillissement et son corollaire le manque de bras constituent un problème de premier plan.
CONCLUSION
Les régimes démographiques sont différents entre les pays du Nord et ceux du Sud. Mais dans les deux cas, les comportements démographiques posent des problèmes économiques et sociaux difficiles à résoudre. Les politiques de population, très diverses, permettent cependant aux gouvernements d’adopter des choix idoines pour assurer le bien-être de leurs populations.