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LE THEÂTRE

DEFINITION

Dans son sens originel, le théâtre est un point de vue sur un événement. On peut le définir aujourd’hui comme un art visant à représenter devant un public une suite d’évènement où sont engagés des êtres humains agissant et parlant. La pièce de théâtre quant à elle est un texte littéraire qui expose une action dramatique, généralement sous une forme de dialogue entre des personnages. Il se caractérise et singularise donc par le dialogue et le jeu des personnages fictifs incarnés par des comédiens.


En France, le théâtre a une origine chrétienne : il prolongeait le culte par des représentations de drames liturgiques à l’intérieur des églises dès le Xe siècle. Au XVIIe siècle le théâtre français atteint une perfection jamais égalée avec Jean Racine, Pierre Corneille et Molière. On en cru ainsi que l’homme devait trouver l’image de son destin dans la tragédie et dans la comédie le miroir de ses défauts.

I - LES CARACTERISTIQUES DU THEÂTRE

A la différence du roman qui se consomme et se consume dans le creuset d’une lecture individuelle, le théâtre exige pour exister pleinement, de la collaboration du dramaturge, des comédiens, du metteur en scène et du public. Tout théâtre repose donc sur la relation triangulaire entre l’auteur et son texte, l’acteur et son jeu, le spectateur et son plaisir. C’est pourquoi tout dramaturge élabore son texte en fonction du jeu théâtral parce qu’il rêve de voir son œuvre représentée sur scène. Le genre théâtral se caractérise par son écriture, son action et l’illusion.

1 – L’écriture dramatique

Tout texte dramatique présente un certain nombre de caractéristiques formelles qui sont :

  • Le dialogue : c’est des échanges de répliques entre les personnages. Quand c’est une seule personne qui parle et s’adresse à lui-même ou au spectateur et qui permet à ces derniers de pénétrer l’intériorité du personnage, on parle de monologue. Nous avons aussi l’aparté qui est une réplique que seul le spectateur est censé entendre.
  • Des indications scéniques ou didascalies: elles permettent de décrire les éléments de la mise en scène comme les costumes, les gestes, les intonations des personnages, le décor, l’éclairage et le son…
  • Le découpage en actes et en scènes : Une pièce de théâtre est découpée en acte et en scène. Les actes correspondent à la durée d’une séquence, les scènes à la sortie ou à l’entré d’un personnage.

2 – L’action dramatique

Dans une pièce, l’action est le plus souvent organisée autour d’un conflit, d’une quête ou tout simplement d’un événement social. C’est ce qui explique que la structure d’une pièce de théâtre comprend nécessairement l’exposition, le déroulement de l’action et le dénouement. Ainsi, le dramaturge en observateur averti, participe à sa manière à l’éducation de ses contemporains.

3 – Le théâtre : un art de l’illusion

Le théâtre occidental est fondé sur ce que Platon et Aristote appelaient la mimésis, c’est-à-dire l’imitation de la réalité. Le théâtre pose donc, inévitablement le problème du réalisme, mais aussi celui de la vérité. C’est ce qui fait dire Victor Hugo que le théâtre « n’est pas le pays réel : il y a des arbres de carton, des palais de toile, un ciel de haillons, des diamants de verre, de l’or de clinquant, … un soleil qui sort de dessous terre. C’est le pays du vrai : il y a des cœurs humains sur la scène, des cœurs humains dans les coulisses, des cœurs humains dans la salle ».

Le vrai correspond à la réalité mais pas toujours à la vraisemblance. La difficulté du théâtre est de faire en sorte que vérité et réalité se rejoignent pour tendre vers la vraisemblance. Par exemple, le spectateur feint d’être dupé par l’illusion de réalité que lui offrent les comédiens et le décor. De son côté, le comédien doit faire semblant d’éprouver des émotions qu’il ne ressent pas. Pour Diderot, le comédien ne doit pas s’identifier à son personnage, il doit opérer une certaine distanciation.

II - LES FONCTIONS DU THEATRE

De l’antiquité à nos jours, le théâtre a joué un rôle social éminent. Il a bien reçu des missions à assumer.

1 – Divertissement

La fonction naturelle du théâtre demeure le divertissement. En effet, confronté aux tracas, aux tourments de la vie quotidienne, l’homme éprouve souvent le besoin de trouver une issue compensatoire. Le spectacle qui est un enchantement de l’esprit et des sens lui offre cette opportunité de rompre avec la monotonie quotidienne et de s’oublier le temps d’une représentation. C’est d’ailleurs ce que pense Jean Giraudoux qui fait dire à un de ses personnages dans L’impromptu : « le mot comprendre n’existe pas au théâtre ; le vrai public ne comprend pas, il ressent. Ceux qui veulent comprendre au théâtre sont ceux qui ne comprennent pas le théâtre. Le théâtre n’est pas un théorème, mais un spectacle ». C’est d’ailleurs ce que pense Marcel Pagnol qui estime que si le théâtre n’a plus de succès, c’est qu’il est détourné de sa mission première qui est celle de divertir.

Ce cachet divertissant du théâtre se retrouve aussi dans les émotions qu’il suscite au lecteur ou au spectateur et fait intervenir la fonction cathartique. Catharsis est un mot d’Aristote qui veut dire purgation des passions. Cette fonction est surtout visible dans la tragédie qui purifie à travers la crainte, la terreur ou la pitié qu’éprouve le public devant le spectacle d’une destinée tragique. Il se libère ainsi de ses passions.

2 – Mission didactique

Beaucoup de dramaturges ont assigné à leur art une mission didactique. Déjà au XVIIème siècle, la devise du théâtre était : « instruire et plaire ». Il s’agissait pour eux de corriger les mœurs en dénonçant les travers de la société. En effet, en tant qu’acteur social, le dramaturge, est un observateur qui jette un regard critique sur les mœurs, les comportements et les caractères des hommes. Il s’érige en médecin qui veut guérir les maux qui gangrènent la société, les défauts des hommes. C’est dans cette logique que s’inscrit Molière qui, à travers sa formule « castigare ridendo mores » qui signifie « châtier les mœurs en riant», entreprend leur correction par la dénonciation des travers de la société dans ses comédies. C’est l’exemple de Tartuffe, le Misanthrope, Harpagon, les précieuses ridicules, où le dramaturge s’attache surtout à l’analyse précise des défauts qui ont pour nom hypocrisie, misanthropie, avarice, pédanterie, jalousie… Le dramaturge offre ces personnages repoussoirs (négatifs), pour inciter le lecteur ou le spectateur à s’éloigner de leurs tares. La portée du théâtre ici est moralisatrice.

3 – Miroir de la société

Le théâtre est un miroir de la société car il reflète non seulement les réalités sociales, mais aussi donne une peinture réaliste de notre vie au quotidien. L’un des plus grands dramaturges de tous les temps, William Shakespeare n’affirme pas autre chose. Dans sa pièce Hamlet, il prête au héros ces propos : « l’objet du théâtre a été dès l’origine, et demeure encore, de présenter pour ainsi dire un miroir à la nature et montrer à la vertu son portrait, à la niaiserie son visage, et au siècle même et à la société de ce temps quels sont leurs aspects et leurs caractères ».

Victor Hugo ne dit pas autre chose car pour lui, « le théâtre est un point d’optique. Tout ce qui existe dans le monde, dans l’histoire, dans la vie, dans l’homme, tout doit et peut s’y réfléchir, mais sous la baguette magique de l’art ».

4 – Engagement

Le théâtre, dans une logique satirique, peut prendre la forme d’une contestation des pouvoirs en place. Il est par conséquent une arme de combat.

L’expression théâtrale a été utilisée par certains dramaturges négro-africains pour dresser un réquisitoire acerbe contre la gestion des indépendances africaine. L’œuvre dramatique d’Aimé Césaire en est une illustration. Dans La tragédie du roi Christophe et Une saison au Congo, Césaire s’attaque aux dérives des nouveaux maîtres qui se révèlent pires que les anciens avec des pratiques avilissantes : culte de la personnalité, corruption, détournements de deniers publics, emprisonnements, torture, meurtres etc.

Ils ont aussi, grâce à l’expression théâtrale, interrogé l’histoire africaine pour rétablir la vérité sur le passé africain déformé par l’idéologie coloniale. Dénonçant les mensonges du colonialisme, les dramaturges comme Cheikh Aliou Ndao, dans l’Exil d’Alboury, Seydou Badian dans La mort de Chaka, Amadou Cissé Dia dans Lat Dior ou le chemin de l’honneur, ont exhumé le passé africain en réhabilitant les grandes figures africaines pour lui donner des préoccupations modernes : offrir aux jeunes des repères et des recours. C’est ce que dit en substance Cheikh Aliou Ndao quad il écrit : « Mon but, est d’aider à la création de mythe qui galvanisent le peuple et portent en avant ; dussé-je y parvenir en rendant l’histoire plus historique ».  

Cet engagement politique du dramaturge se note aussi dans le théâtre occidental. Les mains sales de Jean Paul Sartre par exemple, s’inscrivent dans une logique de l’occupation allemande. De même,  Jean Anouilh, en reprenant le mythe de Antigone dans sa pièce de même nom, fait de ce personnage, le symbole de la résistance, de la force morale qui refuse les compromis faciles, la soumission aveugle à l’idéologie, à la dictature…

Il importe de souligner qu’on n’a pas fait le tour d’horizon de toute les fonctions du théâtre, il va s’en dire que ces diverses fonctions ne sont nullement exclusives l’une de l’autre. Elles sont logiquement complémentaires.

CONCLUSION

Le théâtre est donc un événement social, une représentation donnée pour un public. Nul genre n’est aussi dépendant de la réalité sociale qui le suscite et de l’état de sa technique. Jean Louis Barrault évoquant l’aspect thérapeutique du théâtre écrit : « le théâtre est le premier sérum que l’homme ait inventé pour se protéger de la maladie de l’angoisse. »


 

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