LA DECOLONISATION EN ASIE: INDE ET INDOCHINE

LA DECOLONISATION EN ASIE: INDE ET INDOCHINE

INTRODUCTION

L’Inde était devenue une colonie anglaise depuis 1858. La direction du pays était confiée à un gouverneur appelé vice-roi qui dépendait du secrétaire d’Etat aux affaires indiennes. Le vice-roi était assisté par un conseil exécutif et un conseil législatif. Dès la fin du XIX siècle, une bourgeoisie industrielle et commerçante était née et avait acquis une culture occidentale en fréquentant les universités anglaises. Cette élite avait fondé en 1885 un parti nationaliste (Indian National Congress ou parti du congrès).Les musulmans, 2eme force professionnelle du pays forme en 1909 la Ligue Musulmane. L’évolution politique de l’Inde a été lente car les britanniques tenaient à ce pays considéré comme la Perle de leur empire.


L’Indochine était depuis 1883 une confédération comportant une colonie, la Cochinchine et quatre protectorats, l’Annam, le Cambodge, le Tonkin et le Laos. C’est au terme de 8 années de lutte armée que la France reconnaît l’indépendance du pays.

A/ L’INDE UNE DÉCOLONISATION PACIFIQUE
I- L’EVOLUTION POLITIQUE DE L’INDE DANS L’ENTRE-DEUX-GUERRES

1- Pendant la guerre mondiale

Avec le déclenchement de la 1ere guerre mondiale, 1,3millions d’indiens sont engagés dans les hostilités à côté des anglais dans l’espoir d’une récompense juste après la guerre. C’est ainsi que dès 1917, le secrétaire d’Etat aux affaires indiennes, Lord Montagu estime nécessaire d’accroître la participation des indiens dans les affaires politiques et de mettre en place des institutions autonomes afin de réaliser un gouvernement pour l’Inde. Dans les provinces, les départements de l’agriculture, l’éducation et l’administration auront des ministres choisis par le conseil législatif. Mais au niveau national, le gouverneur est compétent sur tous les autres domaines. Il est évident qu’un tel statut ne donnait pas encore aux indiens la destinée de leur propres affaires d’où la multiplication des troubles sévèrement réprimés par l’armée britannique. Exemple : le massacre d’Amnistar au Panjab en Novembre 1919.

2- Les campagnes de désobéissance civile de Gandhi 

A partir du mois d’Août 1920, Gandhi (1869-1948), jeune avocat formé à l’école britannique, entreprend de mener une campagne de non coopération et de désobéissance civile qui reposait sur :

  • le refus de toute fonction administrative et élective;
  • le refus de fréquenter les institutions anglaises (écoles, tribunaux, administrations…); – le boycott des produits anglais.

L’action de Gandhi lui vaudra certes 6 ans d’emprisonnement mais aura contribué de façon décisive à l’accélération du mouvement d’émancipation. En effet l’intensification de la campagne de désobéissance civile obligera les anglais à accepter en Septembre 1931l’organisation d’une table ronde. Au cours de cette conférence, Gandhi en tant que représentant du parti du Congrès, réclame le « Swaraj », « self government » complet et immédiat, le contrôle des affaires étrangères et de l’armée. Ces négociations aboutiront à un échec, mais les anglais, sous l’effet de la pression finiront par accepter l’Indian Act (1935) qui posait les jalons d’un futur Etat fédéral.

Ce nouveau statut est rejeté par le parti du Congrès alors que la Ligue Musulmane ne veut pas d’une fédération dominée par les Indous et réclame, en 1940 l’indépendance des régions peuplées en majorité de musulmans. L’Inde s’engage ainsi dans la voie de la partition. La marche vers l’indépendance devient décisive avec la 2eme guerre mondiale.

De 1940 à 1941, les campagnes de désobéissance sont largement suivies. Pendant la même période  Subhas Chandra Bose (1897- 1945), un des  chefs du parti du congrès qui avait rejoint Berlin crée à Singapour un «  gouvernement de l’Inde libre » (A Zad Hind) ainsi qu’une « armée nationale indienne » pour la libération de l’Inde que se battait à Birmanie.

En 1940, la ligue musulmane, par la « déclaration de Lahore » réclame la création d’un Etat musulman.

-En 1942, devant la menace japonaise les britanniques proposent le transfert de tous les ministères aux mains des indiens à l’exception de la défense en contrepartie de son engagement dans  la guerre.  Cette proposition est renforcée par le choix d’une constitution ainsi que la liberté de faire partie ou non du Commun Wealth. Le congrès répliqua par une compagne anti-britannique  dont le mot d’ordre est le « Quitindian » (britannique hors de l’Inde). La réaction britannique, d’abord sévère  fut ensuite conciliatrice.  Des concessions favorisèrent l’engagement de plusieurs millions de combattants indiens dans la guerre contre le Japon.

II- INDÉPENDANCE ET PARTITION DE L’INDE

Le parti du Congrès profite de la 2eme guerre mondiale pour durcir sa position. Les anglais font des concessions et promettent d’accélérer le processus d’indépendance. En 1944, le vice-roi Lord Wavell prépare la formation d’un nouveau gouvernement de transition chargé d’élaborer un projet de constitution pour l’Inde indépendante. Winston Churchill tarde à donner son accord et c’est le travailliste Clément Attlee qui hérite du problème indien. La solution n’est pas facile, car il fallait sauver l’unité du pays et donner des garanties aux musulmans. Une opposition à la fois politique et religieuse surgit: la ligue musulmane dirigé par Ali Jinnah, exige la création de deux Etats, l’un pour les musulmans et l’autre pour les indous, alors que le parti du congrès dirigé par Nehru et Gandhi tenait à l’unité indienne. Le 20 Février 1947, devant la chambre des communes, le premier ministre Attlee, déclare le « transfert de pouvoir entre les mains indigènes au plus tard en Juin 1948.

Dans la guerre civile qui déchire le pays de 1946 à 1947, les anglais se placent en arbitres. Nehru finit par se résigner aux principes de la partition dont les modalités seront discutées le 3 Juin 1947 à la conférence de New Delhi.Deux Etats sont proclamés indépendants le 15 Août 1947: le Pakistan à majorité musulmane composé de deux parties distantes de 1700km et l’Union indienne à majorité indoue, dirigée par Nehru. Les transferts de populations qui accompagnent cette partition s’effectuent dans un véritable bain de sang. Gandhi qui ne réussit pas à se consoler de cette division, reprend son bâton de pèlerin pour calmer les passions mais malheureusement il est assassiné en janvier 1948 par un fanatique indou.

B/ L’INDOCHINE UN EXEMPLE DE DÉCOLONISATION VIOLENTE
I- LES ORIGINES DU CONFLIT

Comme en Indonésie, en Birmanie et en Malaisie, les japonais occupent le pays en 1942 mais ne parviennent pas à éliminer les cadres français. Le parti communiste indochinois fondé en 1941 par Ho Chi Minh et Vo Nguyen Giap le chef des armées, profite de la capitulation japonaise pour proclamer le 2 Septembre 1945 l’indépendance de la république démocratique du Vietnam réunissant l’Annam, le Tonkin et la Cochinchine. De Gaulle entend restaurer la souveraineté de la France, il envoie l’amiral Thierry d’Argenlieu comme haut-commissaire et un corps expéditionnaire commandé par le général Le Clerc. Celui-ci prend conscience de la force du sentiment national vietnamien et entame des négociations qui aboutissent à l’accord Sainteny- Ho Chi Min du 6 Mars 1946 : le Vietnam est un Etat libre intégré à la fédération indochinoise. L’amiral Thierry d’Argenlieu considère cet accord comme un abandon, mène une politique de force et cherche à diviser le pays pour perpétuer la domination française. Le 1er Juin 1946, en violation des accords du 6 Mars, il fait proclamer une république de Cochinchine pour laquelle il choisit des autorités acquises à la France et les troupes françaises occupent Hanoi. Ho Chi Minh participe à Paris en Juillet-Septembre 1946 à la conférence de Fontainebleu qui débouche sur un échec. Des troubles sanglants éclatent à Haiphong le 23 novembre 1946. En réplique à des attentats commis contre les garnisons françaises, le croiseur Suffren bombarde le port de Haiphong faisant au moins 600 victimes. Le 19 décembre 1946 les hommes du général Giap massacrent 200 personnes dans les quartiers européens de Hanoï : c’est le début de la guerre d’Indochine.

II- LA GUERRE DE LIBERATION    

1- D’abord une guerre purement coloniale

Dans un premier temps, la France mène seule, avec son armée de métier, sous le regard distant ou hostile des grandes puissances, une guerre purement coloniale. En juin 1948 elle fait appel à Bao Daï à qui elle accorde ce qu’elle avait refusé à Ho chi Minh, l’indépendance du Vietnam dans le cadre de l’Union française. L’objectif des français était de rallier des militants non communistes à leur cause et plonger le Vietnam dans une guerre civile. Le Vietminh qui a dû abandonner les villes, réussit grâce à la guérilla à contrôler les campagnes du Tonkin et du Sud de la Cochinchine.

2- L’internationalisation du conflit   

Avec la victoire des communistes en Chine en 1949 et la guerre de Corée en 1950, celle d’Indochine perd son caractère colonial et s’intègre dans la guerre froide. Appuyé par les chinois, le Vietnam peut désormais engager des forces armées modernes que commande le général Giap. Les Etats-Unis décident d’aider financièrement la France dans ce qu’il considère comme une croisade anti-communiste.

Dans la troisième phase du conflit (1951-1953), le corps expéditionnaire français est réduit à la défensive par l’armée de libération du Vietnam. Las actions du général Lattre de Tassigny (18891952) n’y peuvent rien. Le général  Navarre qui dirige les opérations à partir de 1952 voit ses troupes encerclés du 13 mars au 7 mai 1954 dans la cuvette de Dièn Bièn Phu  par l’armée de GIAP. Ce désastre  qui coute à la France 5000 tués et 10 000 prisonniers  et à l’armée populaire de libération 25 000 morts met un terme à la guerre.  Pierre Mendès de France, depuis longtemps partisan de la paix en Indochine conclut les accords de Genève (21juillet 1954) qui mettent fin à la guerre. Le Laos et le Cambodge accèdent à l’indépendance, le Vietnam divisé en deux par le 17eme parallèle avec le Nord contrôlé par le Vietminh et le Sud par les nationalistes non communistes. Le problème de l’unité territoriale du pays reste en suspens. Des élections sont prévues deux ans plus tard pour l’unification du pays. Mais le Sud, avec l’influence des américains, passe sous la direction de Ngo Dinh Diem qui rejette le processus électoral. En 1956 le Vietnam entre dans une nouvelle guerre qui durera jusqu’en 1975 quand les américains sont défaits à Saigon.

CONCLUSION

Au lendemain de la 2eme guerre mondiale, les colonies d’Asie donnent le signal de la décolonisation. L’Angleterre accepte l’indépendance de l’Inde dans la négociation alors que la France a été contrainte à quitter l’Indochine après sa défaite à Dien Bien Phu.


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