LA DÉCOLONISATION AU PROCHE-ORIENT : LA QUESTION PALESTINIENNE ET LES RELATIONS ISRAELO -ARABES
INTRODUCTION
Géographiquement, le Proche-Orient correspond à l’Asie occidentale et une partie de l’Afrique du Nord. Jusqu’à la fin de la première guerre mondiale, les territoires du Proche-Orient étaient sous la domination de l’empire Turc Ottoman, allié de l’Allemagne. Après la défaite des empires centraux, la SDN confie ces territoires à la France et à la Grande Bretagne. La Palestine correspond à la partie occidentale du Proche-Orient. Elle est constituée d’une mosaïque de peuples dominés par les Arabes. C’est aussi le foyer des trois religions révélées : le judaïsme, le christianisme et l’islam. La proclamation de l’Etat d’Israël, au cœur de la Palestine en 1948 plonge le Proche-Orient dans un conflit sans issue. Ce conflit israélo-palestinien envenime sérieusement les relations israélo-arabes.
I- LE SIONISME ET LA NAISSANCE DE L’ETAT D’ISRAËL
1- Deux peuples pour une seule terre
En 1945 la population compte deux communautés (1,25millions d’Arabes et 560000 juifs) qui s’affrontent pour le contrôle des terres. Les juifs sont venus s’y installer, pour la plupart, entre les deux guerres mondiales. Leur immigration était organisée depuis la fin du XIX siècle, par le mouvement sioniste né au congrès de Bâle de 1897 et dont les contours ont été tracés dans l’ouvrage publié par Théodore Herzl en 1896, « Etat juif, essai sur la solution moderne de la question juive ».
Le mouvement sioniste se donna pour but ; « la création en Palestine d’un Etat pour le peuple juif, garanti par la loi publique ». En 1917 la communauté juive en la personne de Chaïm Weizman, président de l’organisation sioniste mondiale, obtient un appui britannique par la déclaration d’Arthur James Balfour qui envisage l’établissement en Palestine « d’un foyer national juif ». A partir de cette déclaration, Londres applique des mesures en faveur de l’immigration juive comme s’il n’avait aucune obligation envers la communauté arabe. Devant les manifestations très hostiles des Arabes, l’Angleterre publie un livre blanc dans lequel il s’engage à la limitation de l’immigration juive (10 000 visas par ans pendant 5ans).
Mais, avec les persécutions nazies des années quarante qui ont débouché sur le génocide juif (5millions de morts), il se développe un mouvement de solidarité internationale en faveur de la création d’un Etat juif au cœur de la Palestine. Les Arabes affirment leur sympathie pour les martyrs juifs mais refusent que les palestiniens payent à la place des européens pour un crime qu’ils n’ont pas commis.
A la fin de seconde guerre mondiale les juifs lancent une insurrection contre les anglais. La Haganah, leur milice d’autodéfense et les deux organisations terroristes que sont Irgoun et Stern attaquent les installations militaires anglaises et les camps où sont détenus les immigrés illégaux. Au même moment, les sionistes bénéficient du soutien des américains et des soviétiques.
Devant l’impossibilité de trouver une solution acceptable pour les deux parties en cause l’Angleterre décide de transférer la question palestinienne à l’ONU en 1947.
2- Le plan de partage de l’ONU
Le 29 Novembre 1947, l’assemblée générale de l’ONU adopte la résolution 181 qui préconise le partage de la Palestine en trois parties:
- Un Etat juif composé de la Galilée Orientale, d’une longue bande côtière et de la plus grande partie du désert de Néguev.
- Un Etat Arabe composé de la Galilée Occidentale, du centre de la Palestine avec la Samarie et la
Judée et des régions de Gaza.
- Jérusalem internationalisée est sous le contrôle des Nations Unies.
Le plan de partage onusien fait montre d’un déséquilibre flagrant en faveur du futur Etat juif qui se voit attribué 57% des territoires de la Palestine pour moins de 30% de la population. Il est rejeté par les Arabes et désapprouvé par les anglais.
La Grande Bretagne annonce qu’elle mettra fin à son mandat palestinien le 15 Mai 1948 à 00h et n’assumera plus aucune responsabilité. Le 14 Mai 1948, le conseil national juif sous la présidence de David Ben Gourion proclame la naissance de l’Etat d’Israël. Cette décision va plonger le Proche Orient dans un chaos politique et militaire sans précédent.
II- LES GUERRES ISRAELO-ARABES
1- Le conflit de 1948
Le 15 Mai 1948, jour de départ des anglais, les arabes font pénétrer leurs armées en Palestine pour détruire l’Etat d’Israël. Cette guerre va durer de Mai 1948 à Janvier 1949. Malmenés au début du conflit, les juifs vont profiter des trêves négociées par l’ONU pour mettre en place une armée de 10000 hommes très bien équipée par l’URSS et les Etats-Unis.
A la fin de l’année 1948, les armées arabes sont partout défaites et les armistices signés à Rhodes en Février et Juin 1949 consacrent la victoire finale de l’Etat d’Israël sur les arabes. Les Israéliens vont désormais annexés la Galilée occidentale, la Cisjordanie et Jérusalem Ouest, contrôlant ainsi 78% des territoires de la Palestine. L’Egypte occupe la bande de Gaza pour des raisons de sécurité et la Transjordanie annexe la Palestine arabe et Jérusalem Est. Ainsi le nouvel Etat palestinien n’a pas vu le jour, il a été dépecé par les belligérants de la guerre de 1948. Le 11 Mai 1949, l’Etat juif est reconnu par l’ONU mais les arabes refusent de reconnaître ses nouvelles frontières. Avec la défaite des armées arabes en 1949 commence le drame du peuple palestinien. Des centaines de milliers de palestiniens ont fui leurs terres pour se retrouver dans les Etats arabes voisins. Et entre 1948 et 1953 d’autres immigrés juifs viennent s’installer sur les terres arabes.
2- La guerre des 6 jours (5-10 juin 1967)
Après avoir obtenu le retrait des casques bleus stationnés à la frontière israélo-égyptienne depuis la crise de Suez, Nasser décide de fermer le golfe d’Akaba aux navires israéliens et à tout autre navire transportant des produits stratégiques à destination d’Israël. Le 5 Juin 1967, l’aviation israélienne détruit celle égyptienne au sol. La surprise fut totale et en 6 jours de combat, Israël occupe le Sinaï, la bande de Gaza, le Golan Syrien et Jérusalem Est. Le 27 Novembre 1967, l’ONU adopte la résolution 242 qui préconise l’instauration d’une paix globale en échange d’un retrait israélien des territoires occupés.
Après cette défaite, les palestiniens regroupés au sein de l’OLP crée en Mai 1964 (Organisation pour la Libération de la Palestine) vont prendre leur destin en main. Sous la direction de Yasser Arafat (1969), il préconise la lutte populaire contre Israël à partir du Liban, de la Jordanie, de l’Egypte et de la Syrie.
Les palestiniens vont multiplier les attentats et les prises d’otages pour sensibiliser l’opinion internationale. Exemple : un commando de l’OLP massacre les athlètes israéliens aux jeux olympiques de Munich de 1972
3- La guerre de Kippour
Le 6 Octobre 1973, sans déclaration de guerre, l’Egypte et la Syrie attaquent les troupes israéliennes au Sinaï et au Golan. Pour la première fois, l’armée israélienne est mise en difficulté. Elle abandonne ses positions avant de lancer une contre-offensive victorieuse. Après trois semaines de combat, l’ONU impose un cessez-le-feu et envoie des casques bleus. Elle adopte aussi la résolution 338 qui reprend les termes de la résolution 242. Israël accepte un retrait partiel sur le front égyptien et syrien mais refuse de céder les territoires occupés en 1948 et 1967.
L’intransigeance de l’Etat d’Israël et le soutien inconditionnel dont il bénéficie de la part des puissances occidentales amènent les arabes à utiliser l’arme du pétrole : c’est le choc pétrolier de 1973.
4- La guerre du Liban ou opération« Paix en Gallilée »
Le 03Juin 1982, Shlomo Argov, ambassadeur d’Israël à Londres est victime d’une attaque revendiquée par le groupe Abou Nidal, un mouvement dissident de l’OLP qui, avec la présence de 500.000 réfugiés au Liban, est partie prenante de la guerre civile qui déchire ce pays. Le 06 Juin
1982, l’armée israélienne envahit le sud au Liban. Cette opération militaire dénommée « Paix en Galilée » a pour objectif de placer l’ensemble de la population civile de la Galilée (partie Nord d’Israël) hors de portée des tirs terroristes. En réalité l’objectif stratégique de Menahem Begin est de porter un coup fatal à l’OLP et à son président Yasser Arafat qui s’est installé à Beyrouth. L’armée israélienne écrase la résistance du Sud Liban, contraint l’armée syrienne à se retirer de
Beyrouth et procède au blocus de la capitale libanaise. Arafat quitte la ville pour Tunis. Une milice Libanaise alliée d’Israël massacre les réfugiés palestiniens des camps de Sabra et Chatila entre le 16 et le 18 septembre 1982.
III- UNE MARCHE DIFFICILE VERS LA PAIX
Les négociations israélo-arabes ont toujours été bloquées par les exigences des deux camps :
-Les Arabes n’ont jamais admis l’existence d’un Etat juif en Palestine; et Israël a toujours refusé de négocier avec des Etats qui ne le reconnaissent pas et avec une organisation (OLP) qui prône sa destruction.
C’est pourquoi de 1948 à 1982, les relations israélo-arabes ont été marquées par plusieurs conflits. ET toutes les solutions préconisées par la communauté internationale ont échoué. Cependant au début des années 80, israéliens et palestiniens s’engagent dans un dialogue politique.
Le 13 Décembre 1982 sous la pression des Etats-Unis, Israël accepte un contact politique avec l’OLP. C’est une suite logique de l’intervention de Yasser Arafat devant l’assemblée générale de l’ONU le 13 Mars 1974.
Les accords de Camp David furent signés le 17 Septembre 1978 par le président égyptien, Anouar El Sadate et le premier Ministre israélien, Menahem Begin, sous la direction du président américain Jimmy Carter. Un traité de paix est signé entre l’Egypte et Israël en 1979. L’Egypte récupère le Sinaï mais Sadate est assassiné le 6 octobre 1981.
Du 12 au 15 Novembre 1988, le conseil national palestinien qui se réunit à Alger proclame la naissance de l’Etat palestinien, reconnaît les résolutions 181, 242, 338 et condamne le terrorisme.
La question palestinienne connaît un début de solution à partir des années 90. En effet avec la première guerre du Golfe de 1991 il est clairement apparu qu’aucune paix durable dans la région n’est possible sans le règlement de la question palestinienne. Les négociations israélo-palestiniennes lors de la conférence de Madrid de 1991, vont aboutir à la signature à Washington le 13 Septembre 1993 des accords d’Oslo (Norvège). Israël et l’OLP se reconnaissent mutuellement. Ces accords prévoient l’établissement d’une autorité palestinienne intérimaire en Cisjordanie et dans la bande de Gaza et le retrait des troupes israéliennes des territoires occupés.
L’espoir suscité par les accords d’Oslo est mort avec l’assassinat d’Itzhak Rabin le 4 Novembre 1995, la reprise de l’Intifada en 2000 suite à la visite d’Ariel Sharon sur l’Esplanade des Mosquées, la construction du mur de sécurité, l’assassinat du chef historique du Hamas le Cheikh Ahmed Yassin.
Depuis l’élection de Sharon en Février 2001, on peut considérer comme mort le processus de paix lancé à Oslo. Sharon rejette la « Jenille de ronte » du quarté formé par les Etats-Unis, la Russie, l’ONU et l’Union Européenne. Il opte pour politique d’assassinat ciblés des dirigeants du Hamas : le 22mars 2003, Cheikh Ahmed Yassine et le 17 avril son successeur Abdel Aziz Al Rautissi.
Malgré les initiatives de paix du quarté (Etats Unis, ONU, et Union Européenne). Les différents successeurs d’Ariel Sharon Ehud Olmer, Netanyahu… ont poursuivi la politique du fait accompli. Depuis la mort d’Arafat le 15 novembre 2004, le processus de paix israélo-palestinien n’a pas connu une véritable évolution. La question palestinienne est devenue complexe à cause de la rupture intervenue entre les deux organisations politiques palestiniennes que sont le Fatah et la Hamas et les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza. Les différentes initiatives de paix lancées par la Président américain Barack Obama se sont soldées par un échec.
CONCLUSION
L’évolution des relations israélo- arabes nous donne la conviction que la décolonisation du Moyen-Orient est encore inachevée. La cohabitation de peuples et de religions antagonistes dans une région aussi convoitée, combinée à la pression des juifs de la diaspora sont autant de facteurs qui ne facilitent pas l’établissement d’une paix durable dans la région.