LE SYSTÈME MONDE : DES ESPACES INTERDEPENDANTS
INTRODUCTION
Le système-monde est structuré en un centre relativement homogène et une périphérie aux contours difficiles à cerner et aux réalités souvent changeantes. Ces deux pôles ne sont pas repliés sur eux-mêmes, Ils sont interdépendants. Ils entretiennent des relations aux plans économiques, politiques, culturels… Cette interdépendance communément appelée mondialisation est le nouveaux paradigme pour analyser les données de la géopolitique mondiale. Elle constitue le facteur majeur de la nouvelle configuration des espaces en structuration à l’échelle du globe.
I-LE SYSTÈME- MONDE : UN ESPACE HÉTÉROGÈNE
1-Un centre dominant
Il s’agit de l’espace occupé par les pays de la triade (Amérique du Nord, Union Européenne et Asie Pacifique), dont les composantes essentielles sont les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, l’Angleterre la France, l’Italie, le Canada…Avec 16% de la population mondiale, ces pays fournissent 2/3 des richesses de la planète et réalisent 70% de la production industrielle, 75% des échanges mondiaux de marchandises et de services et 90% des opérations financières de la planète et 80 % des nouvelles connaissances scientifiques. Pour renforcer leur domination sur le reste du monde, les pays du centre ont mis en place des espaces de coprospérité économique ou modèles d’intégration régionale ou sous régionale : L’ALENA (Accord de Libre Échange Nord
Américain), l’UE (Union Européenne) et l’ASEAN (Association des Nations de l’Asie du Sud –Est)
2-Des périphéries dominées
On peut les classer en trois auréoles concentriques gravitant autour du centre :
- les périphéries intégrées ou associées (Brésil, Chine, Taiwan, Corée du Sud, Argentine, Mexique…
: Ces pays participent activement à l’économie mondiale grâce aux investissements sous forme de délocalisations qui y sont réalisés par les pays du centre et les flux d’échange. Cependant, leur niveau élevé de croissance économique n’est pas souvent synonyme de développement.
- Les périphéries exploitées : elles entrent dans les circuits économiques grâce à leurs ressources
naturelles indispensables aux pays du centre: c’est l’exemple des pays pétroliers. D’autres pays entrent dans les circuits de l’économie mondiale grâce à leur main-d’œuvre abondante, bon marché et experte (c’est le cas des pays de l’Asie du sud-est: Hong Kong, Singapour, Taiwan, Corée du Sud Philippines Thaïlande, Malaisie, Indonésie).
- Les périphéries marginalisées ou peu intégrées au marché mondial. Elles souffrent d’un grand
retard économique. On les appelle Pays les moins avancés (P M A) où PPTE (Pays pauvres et très endettés). Ils sont localisés en Afrique subsaharienne, Amérique latine, et Asie centrale.
II-LES MANIFESTATIONS DE LA MONDIALISATION
1-La mondialisation des échanges
La valeur des échanges a été multipliée par 7 en 40 ans. Le commerce des biens manufacturés est le plus important (75 %) ensuite viennent les produits agricoles (12%), énergétiques (10%) et le commerce des minerais (3 %). Les 2/3 des exportations transitent par la mer, ce qui renforce le rôle économique des villes portuaires comme New York, Rotterdam, Amsterdam, Anvers, Singapour, Osaka- Kobe. La mondialisation des échanges poussent les pays à adopter des stratégies de compétitivité en créant des espaces blocs à vocation régionale ou sous-régionale. Parmi ces ensembles nous pouvons citer l’Accord de Libre Échange Nord Américain (ALENA), l’Union Européenne (UE) Association des Nations de l’Asie du Sud -Est (ASEAN), le MERCOSUR (Mercado Común del Sur en espagnol / Mercado Comum do Sul en portugais) ou Marché Commun du Sud, l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA).Chacun de ces ensembles est régi par une réglementation qui favorise le libre échangisme. Les plus puissants dominent l’économie mondiale: l’ALENA, l’UE, l’ASIE -PACIFIQUE. Dans chaque ensemble on note un ou des pays qui jouent un rôle de locomotive. L’ALENA est dominé par les États Unis, l’UE par l’Allemagne et la France, l’ASIE -PACIFIQUE par le Japon et la Chine. Au plan mondial, les échanges sont réglementés par l’Organisation Mondiale du Commerce(OMC).
2-L’interdépendance à travers les flux de populations
Les migrations de populations renforcent les interdépendances entre les différents espaces du système-monde. Parmi elles nous pouvons citer :
- les flux internationaux de travailleurs qui sont le reflet des inégalités économiques mondiales. Ils
permettent de parer aux déficits de mains d’œuvre des pays du Nord fortement marqués par le vieillissement tout en contribuant à soulager la misère du sud par d’importants transferts d’argent. Cette migration des travailleurs revêt une autre forme avec le « brain-drain » ou fuite des cerveaux. En effet les pays du Sud sont désertés par des milliers de cadres compétents (médecins, enseignants, ingénieurs, chercheurs et techniciens de haut niveau), au profit des pays du Nord où les conditions de vie et de travail sont meilleures.
- Le tourisme international est aussi un reflet du système économique mondial. Il est souvent le fait
des populations du centre qui profitent de leur niveau de vie très élevé pour sillonner le monde. Le tourisme apporte au pays du sud un supplément de ressources non négligeables que seules les recettes du pétrole dépassent.
3- L’interdépendance à travers les flux de capitaux et d’informations
a- flux de capitaux
Le système financier international a fini de revêtir un caractère global grâce à l’interconnexion des réseaux d’échanges et d’investissements. Les Etats et les entreprises industrielles et financières peuvent investir et emprunter dans le circuit financier international sans être soumis à une réglementation contraignante. Grâce à la cotation boursière, les activités financières ont connu un essor considérable. Le volume journalier des transactions financières mondiales est estimé1500 milliards de dollars, en 2007 la valeur totale du commerce mondial était de 13 570 milliards de dollars pour les exportations et 13 940 milliards de dollars pour les importations. Les principales places financières sont: New York, Tokyo, Londres, Frankfort, Paris et Shanghai. Les rapports financiers entre les pays du centre et les pays en voie de développement empruntent trois principales voies: l’aide au développement, Les crédits bancaires et les investissements directs privés.
b-Les flux d’informations
La maîtrise de l’information permet le développement des autres flux. Elle est un élément essentiel de la compétitivité économique. Chaque année, Les habitants de la planète échangent plus de 500 milliards d’appels téléphoniques. Les XXe et XXIe siècle, sont marqués par une révolution des « autoroutes de l’information ». Les différentes parties du système-monde sont reliés par des réseaux téléphoniques et de câbles à fibres optiques qui transportent à une grande vitesse d’énormes volumes d’informations numérisées (sons, images et données).Grâce aux satellites et au développement du réseau mondial d’internet fréquenté par environ 1 500 000 000 de personnes, le monde considéré comme un « village planétaire ». Cependant le développement des flux d’informations conforte les disparités entre le centre et les périphéries avec ce qu’on appelle le « gap numérique » ou la « fracture digitale ».
III-LES CONSÉQUENCES DE L’INTERDÉPENDANCE
L’interdépendance des espaces du système-monde communément appelée mondialisation est accompagnée d’un déséquilibre profond de l’économie mondiale. En effet, les pays du Centre assurent les 2/3 de la production de richesses et plus de 50% des échanges mondiaux de marchandises. En 2007 pour une valeur totale de 13 570 milliards de dollars d’exportations, la part de l’Allemagne était de1 327 milliards, celle des États-Unis 1 163 milliards de dollars, celle du Japon 713 milliards de dollars, la France 552 milliards de dollars, le Royaume Uni 436 millions de dollars, l’Amérique centrale et du Sud 496, la part de l’Afrique 422 milliards de dollars. Par ailleurs pour les services et les capitaux, les pays riches réalisent les 4/5 des exportations et ¾ des importations. Cependant, il faut noter la montée en puissance des pays de l’Asie du Sud-est (Chine, Taïwan, Hongkong Corée du Sud, Indonésie, Malaisie…).
Les périphéries sont caractérisées par une forte instabilité économique qui se manifeste par la pauvreté, le chômage, analphabétisme… La situation économique désastreuse de ces pays est aggravée ces dernières années par la flambée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires. Cette positon des périphéries dans la mondialisation est dénoncé par les « Altermondialistes » qui exigent plus d’équité dans le commerce et les transactions financières internationales.
La mondialisation se traduit aussi par une multi polarité économique:
-Au Nord, les États-Unis sont leader dans les services, les marchés de l’informatique et des communications, les banques et l’agro-alimentaire ; le Japon domine l’électronique et l’automobile ; l’Allemagne domine la mécanique, la fabrication des machines et la Chimie ; la France l’aérospatial, les biens de consommation.
-Au Sud, les Nouveaux Pays Industrialisés sont qualifiés pour le textile, le montage électronique et la mécanique alors que les périphéries marginalisées dominent le marché des matières premières agricoles et énergétiques.
On note aussi dans le système-monde une absence de multi polarité monétaire. Le dollar reste la monnaie de référence pour les transactions financières et commerciales, en dépit de la montée en puissance de l’Euro. Par ailleurs le système économique mondial est caractérisé par une instabilité constante qui manifeste par des crises alimentaires, énergétiques et financières.
CONCLUSION
Le système-monde est constitué d’un Centre dominant et des Périphéries souvent marginalisées. Cependant ces deux entités sont interdépendantes dans le cadre de la mondialisation. L’espace monde est fortement polarisé au bénéfice des pays de la triade et des grandes métropoles où sont concentrés les principaux flux et les centres de décisions.