LES CAUSES GÉNÉRALES DE LA DÉCOLONISATION

LES CAUSES GÉNÉRALES DE LA DÉCOLONISATION

INTRODUCTION

Le XIX siècle a été fortement marqué en Asie et en Afrique par le triomphe de l’impérialisme européen. Mais après la 2eme guerre mondiale, déferle la grande vague de décolonisation. L’Asie d’abord, puis l’Afrique s’émancipe de la tutelle des puissances impérialistes européennes. Le processus de décolonisation devient alors une composante majeure des relations internationales au moment où les deux blocs s’affrontent dans la guerre froide. Il a été rendu possible par la combinaison de facteurs internes ou externes aux colonies.

I- LES CAUSES INTERNES DE LA DÉCOLONISATION

1- Les contradictions du système colonial


L’exploitation économique des colonies qui s’est particulièrement intensifiée entre les deux guerres a grandement contribué à l’éveil du nationalisme. La mise en valeur (routes, ponts, voies ferrées, mines, hôpitaux, écoles), profitable aux métropoles, est à la fois un facteur de progrès et de déséquilibre. L’extension des cultures modernes destinées à l’exportation, réduit la place des cultures vivrières, ce qui met la plupart des colonies dans une situation de dépendance alimentaire.

Le chômage dans les campagnes et l’exode rural aggravent les conditions de vie très difficiles des populations indigènes. Ce phénomène du sous-développement conduit à un mécontentement populaire que les nationalistes transforment en révolte contre les métropoles.

La colonisation favorise surtout l’apparition et le développement d’élites locales, commerçants, négociants, bourgeois et intellectuels, qui restent exclues du pouvoir confisqué par les colons et le personnel de la métropole. Leurs frustrations les incitent à se radicaliser peu à peu et à abandonner leurs revendications tendant à l’assimilation pour devenir nationalistes. Formés en métropole, frottés à la culture et aux idées occidentales, ils utilisent les valeurs telles que l’Etat nation, la république, le socialisme ou le libéralisme pour dénoncer le colonialisme et justifier leurs revendications à l’indépendance.

            2- Le rôle des élites intellectuelles

Les élites intellectuelles africaines et asiatiques ont joué un rôle important dans l’éveil des peuples colonisés. En développant la pensée occidentale dans les colonies, l’Europe a formé une élite intellectuelle consciente des conditions d’existence des peuples dominés. Ils ont compris que la pauvreté n’est pas une fatalité et que toute supériorité fondée sur la couleur de la peau est une contre-vérité. Souvent exclus des responsabilités administratives et politiques, ils empruntèrent les idées de  liberté et de démocratie pour les retourner contre le pouvoir colonial.

Une quantité de journaux apparaît dans les métropoles coloniales et permet aux intellectuels de s’exprimer et de dénoncer le système colonial. Exemple : Evening News de Kwame Nkrumah, Légitime défense de Césaire, Senghor et Rabemanjara. En 1954 est publié « Nation nègre et culture » du professeur Cheik Anta DIOP, qui apparaît comme une bombe dans la citadelle coloniale. Césaire disait de cet ouvrage qu’ « il était le plus audacieux qu’un nègre ait écrit et qu’il comptera dans l’éveil des peuples noirs ».

De nombreux partis, futurs cadres politiques de l’action nationaliste, se créent également : dans les Indes néerlandaises, le Parti nationaliste indonésien (PNI), fondé par Sukarno en 1927 ; en Tunisie, le Néo-Destour, par Habib Bourguiba en 1934 ; en Algérie, l’Étoile nord-africaine (1926), puis le parti du Peuple algérien (1936), par Messali Hadj. Dans le même temps, l’essor du communisme dans les colonies entraîne la fondation de nombreux partis communistes, tel celui du Viêt Nam par Hô Chí Minh en 1930.

Des révoltes se font jour, principalement dans l’empire colonial français, notamment au Liban où les Druzes se soulèvent en 1925, en Indochine (mutinerie de Yen Bay en 1931) et surtout au Maroc (guerre du Rif, de 1925 à 1926 contre les Français), à chaque fois très lourdement réprimées par l’armée française, le général Sarrail n’hésitant pas, pour mater les Druzes, à faire bombarder Damas

II- LES CAUSES EXTERNES DE LA DÉCOLONISATION

1- L’impact des deux guerres mondiales

L’influence de la 1ère guerre mondiale, dans le processus de décolonisation a été moins déterminante que celle de la deuxième guerre mondiale. Elle ne remet pas en cause les fondements de la domination coloniale mais marque le début de l‘affirmation du principe du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». En effet, à Versailles le 5e des 14 points du président américain Wilson évoquait le sort des colonies.

Cependant, la 2eme guerre mondiale a été déterminante dans la prise de conscience des peuples colonisés. La défaite de la France, de la Belgique et de la Hollande en 1940 porte un coup au prestige de ces métropoles impérialistes. Les japonais pendant la guerre appellent les peuples d’Asie à s’unir contre les colonisateurs blancs, dans les territoires qu’ils occupent (Indonésie néerlandaise, Indochine française, Birmanie et Malaisie britannique). A la veille de leur capitulation, ils font proclamer l’indépendance de certains pays.

La 2eme guerre mondiale met fin aux mythes de la supériorité raciale et de l’invincibilité de l’homme blanc. La participation de millions de combattants venus des colonies à la libération de la métropole et les sacrifices qui en ont résulté ont conduit à une prise de conscience qui s’est manifestée par la naissance des mouvements de libération nationale. 2)- Un contexte international favorable à la décolonisation

Les deux grands vainqueurs de la guerre, les Etats-Unis et l’URSS vont soutenir l’émancipation des colonies d’Afrique et d’Asie.

Les Etats-Unis se souviennent de leur lutte pour l’indépendance obtenue en 1776 aux mains des Anglais. Lors de la signature de la charte de l’Atlantique en Août 1941, ils proclament (article3) « le droit qu’ont tous les peuples de choisir la forme de gouvernance sous laquelle ils veulent vivre ». Et, au nom de la doctrine de la « Porte ouverte » demande un monde qui n’offre plus de barrières coloniales à leurs produits et capitaux. Avec la guerre froide, leur soutien à la décolonisation devient plus mesuré.

L’Anticolonialisme de l’URSS est plutôt idéologique. Les communistes préconisent une action globale contre le système capitaliste qui se nourrit de la colonisation. L’engagement des soviétiques en faveur de la décolonisation est considéré comme une contribution à la paix mondiale. L’URSS se propose d’être « le chef de file des mouvements anti-impérialistes » selon la doctrine Jdanov et apporte un soutien massif aux mouvements de libération nationale.

Enfin, l’ONU réaffirme « le droit des peuples à disposer d’eux même » et devient une tribune pour l’anticolonialisme.

3-Les mouvements de solidarité en faveur du tiers monde

Ils vont contribuer à la prise de conscience des peuples colonisés.

Il y a d’abord l’asiatisme né au début du XX siècle et qui se présente comme une volonté des peuples asiatiques de s’opposer à la domination des européens. Le mouvement s’est développé sous l’influence du Japon vainqueur de la Russie en 1905 et des puissances européennes pendant la 2ème guerre mondiale. L’asiatisme a exercé une influence remarquable sur les mouvements de libération en Afrique noire avec la tenue de la conférence de Bandoeng en 1955, au cours de laquelle fut fait un véritable procès de la colonisation. Ensuite il y a le panarabisme qui réclame un retour aux valeurs arabes à travers la recherche d’une unité d’action face au colonialisme. Ce mouvement a donné naissance à la Ligue Arabe et 1945.

Enfin il y a le panafricanisme dont l’objectif est de regrouper les noirs d’Amérique et d’Afrique dans un vaste mouvement idéologique et politique. Les contours du panafricanisme ont été définis lors des congrès de Paris en 1919, Londres en 1923, Bruxelles en 1921, New York en 1927 et surtout Manchester en 1945. Les principaux animateurs de ce courant sont : W. Dubois, Marcus Garvey, Kwame Nkrumah, Jomo Kenyatta, L.S. Senghor, Garang Kouyaté, Cheikh Anta Diop.

CONCLUSION

La décolonisation est un processus qui a permis aux peuples dominés d’Afrique et d‘Asie d’accéder à l’indépendance. La combinaison de facteurs internes et externes a provoqué l’éclatement des empires coloniaux malgré la volonté de certaines puissances de la conserver.


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