Histoire 2nd » L’EMPIRE DU GAABU

L’EMPIRE DU GAABU

INTRODUCTION

L’EMPIRE DU GAABU: Ancienne province de l’empire du Mali, le Gaabu devint un empire autonome dans le dernier tiers du XVIe siècle. Cet empire couvrait le Sénégal méridional et le nord de la Guinée Bissau. Située dans une zone assez humide avec de nombreux cours d’eau, le Gaabu constitua un trait d’union entre le Mali, la Gambie, le Sénégal et les deux Guinées. Retracer l’histoire de cet empire se révèle être une lourde tâche car, il reste encore beaucoup de choses à découvrir et les recherches se poursuivent pour mieux éclairer l’histoire de cet empire.

I. LA SITUATION GÉOGRAPHIQUE DE L’EMPIRE DU GAABU

Le royaume de Gaabu était constitué d’un grand ensemble de provinces, au nombre de douze, se trouvant dans la Sénégambie d’antan ( Gambie, Casamance et le Haut Geba12. ) Ces régions qui formèrent le royaume mandingue s’étaient constituées dans cet espace géographique après la dislocation totale de l’Empire du Mali au XVème siècle. En d’autres termes, le Gaabu s’étendait de la savane soudanaise entre la Gambie et le Rio Corubal13. La majeure partie du pays était située en Guinée Bissau.

D’après Alvares d’Almada, auteur et explorateur portugais de la fin du XVIème siècle, qui a effectué un voyage vers 1578 en Casamance et Gambie, Gaabu aurait donné le nom du conclave se trouvant à l’intérieur du Sénégal : la Gambie (Gaambu).

II.FORMATION ET ORGANISATION DE  L’EMPIRE
1.Formation

D’après la tradition orale, le Gaabu ou Kaabu serait fondé au XVème siècle par un lieutenant de Soundjata Keita du nom de Thiramaghan ou Tiramakhan Traoré dont le vrai nom rapporté par l’épopée mandingue était Dan Mansa Woulani. Il aurait conquis les pays guinéo-gambiens jusqu’au Kombo près de l’océan atlantique. Ces entités furent rattachées à l’empire du Mali

Ce grand chef de guerre de Soundjata Keïta a conquis presque tous les pays guinéo-gambiens qui furent politiquement rattachés à l’empire du Mali. Il divisa le territoire englobant le Kaabu en plusieurs provinces et érigea sa capitale à Kansala. Gaabu fut donc un vassal du Mandé (empire du mali) et un des principaux royaumes mandingues, une grande confédération de douze provinces manding dont les les plus importantes furent : Soma, Timana, Propana, Pacane, Mana, Sankolla, Cana, Kolla, Propana, Bajar. La province de Gaabu s’étendait alors dans la savane, de la Gambie au nord au Rio Corubal au sud.

Certaines traditions orales soutinrent que l’empire se serait formé vers les années 1535 c’est-à- dire vers le milieu du XVIe siècle, à l’époque où le Mandi-Mansa était sous la menace des armées songhaï.

2.Organisation de l’empire Gaabu

Vassal de l’ex empire du Mali, érigeait en empire continuateur de la « mandinguisation » de la Sénégambie, après sa dislocation totale, l’empire du Gaabu regroupait douze provinces malinkés. Chaque province était dirigée par un Mansa nommé, selon les coutumes, parmi les princes Sané et Mané et qui recevait le nâfo (bonnet de commandement) du Grand Mansa. Chaque mansa jouissait d’une grande autonomie. Il était lié au Grand Mansa par des liens de parenté et il lui devait obéissance, tribut et contingent de guerriers. On les appelait aussi des « kantamansa » qui veut dire : rois gardiens, car il avait pour mission de protéger les frontières de l’Empire. Il résidait dans des tata (centres politiques et militaires de la province qui comprenait plusieurs villages).

3.L’organisation administrative et politique

L’empire du Gaabu est une confédération de plusieurs royaumes. La capitale de l’empire, Kansala, se trouvait dans la province de Propana. Le Gaabu était dirigé par un empereur le « Gaabu Mansa baa ». Son autorité s’étendait sur l’ensemble du pays. Pour être empereur, il faut appartenir aux clans des Sané ou Mané.

1.L’apogée du Gaabu

Après son émancipation, le Gaabu unifia tous les pays mande situés entre la Gambie, la haute Casamance et le haut Geba, et il se substitua au mansa du Mali dans cette région. Il étendit ensuite sa domination aux peuples kasanga, balante, joola (Féloup) et beafada et exerçait son autorité sur toute la Sénégambie méridionale. Ce nouveau royaume issu des restes du Grand Mali contrôlait le commerce de cette région, jusqu’aux confins de la Guinée et de la Sierra Leone.

L’essor du Gaabu fait surtout suite aux déclins successifs du Mali (XVe) et du Songhaï (XVIe) et s’est surtout appuyé sur le commerce atlantique. Ce commerce qui portait d’abord sur l’or va rapidement s’orienter vers la traite négrière avec les ventes annuelles de 15 000 esclaves (Beafads, Joolas, Balants, etc.) qui rapportèrent au Gaabu de l’argent, des tissus, des fusils, de la poudre à canon. L’apogée de l’empire du Gaabu se traduit par le développement de plusieurs villes où se multiplièrent des Tatas (forteresses).

II.LES TRAITS DE LA CIVILISATION
1.La société Kaabunké

La société du Gaabu est très cosmopolite. Elle est le long brassage entre les populations autochtones et les conquérants mandingues. La société Kaabunké est très hiérarchisée. On y distinguait quatre (4) classes sociales :

–    L’aristocratie : elle était composée de nobles. Elle comprenait trois catégories :

La haute noblesse (Nianthio) dont l’empereur prend le titre Gaabu Mansa baa. Il est nécessairement choisi parmi les nantio des trois provinces nantio (le Sâma, le Patiana, le Djimméra) qui ont le monopole du pouvoir. Il est obligatoirement fils d’une princesse nantio;

  • Les hommes libres : ils sont plus Ce sont les travailleurs manuel non castés (agriculteurs, pêcheurs, chasseurs, commerçant, etc.)
  • Les hommes de castes : on les appelle namaalo. Il s’agissait des : Karanké (cordonniers), Numoo

(forgerons), Diali (griots)…

  • Les esclaves. Il y’a deux catégories d’esclaves : * les esclaves de traite, destinés à la vente aux Européens ; * les esclaves domestiques.
2. La vie économique et culturelle du Gaabu
a.La vie économique

L’activité économique traditionnelle du Gaabu était l’agriculture. Elle portait essentiellement sur les céréales (mil et riz). L’élevage était aussi une activité importante. Il portait sur les bovins, les petits ruminants et la volaille. L’abondant cours d’eau permettait le développement de la pêche et la circulation des marchandises.

En effet, les pays guinéo-gambiens connurent aux XVIe-XVIIIe siècles une grande activité commerciale. Les fleuves, la Gambie, la Casamance, le Rio Cacheu, le Rio Geba, furent les axes de pénétration du commerce européen depuis le milieu du XVe siècle. Le commerce négrier qui s’y développa dans la vallée de la Gambie et des fleuves de Guinée était sous le contrôle des rois du Gaabu

b. La vie culturelle
  • Sur le plan musical, la civilisation du Gaabu est symbolisée par la Kora, le Jung Jung et les Balas
  • Sur le plan religieux, l’Islam est présent au Gaabu sous la direction d’Alfa Moloo Egge. Il s’était convertit à l’Islam et devient l’un des facteurs importants de la chute du Gaabu.
III.LA DÉCADENCE DE L’EMPIRE

Au cours du XIXe siècle, trois facteurs concourent au déclin du Gaabu.

D’abord, l’abolition de la traite négrière entraîna une perte de revenus considérable qui ruine progressivement l’empire. Ensuite, l’autorité politique se délite du fait des dissensions de la famille régnante des Ñanko dont l’enjeu est de monopoliser le pouvoir impérial. Enfin, la théocratie musulmane des Peuls du Fouta Djalon va constituer un élément de dislocation des structures politiques et sociales de l’État païen du Gaabu avec la tentative d’islamisation de la Sénégambie conjuguée à la domination européenne qui commençait depuis le XVe siècle à s’intensifier davantage.

CONCLUSION

L’empire du Gaabu ne va durer longtemps à cause de l’invasion des Peuls et de la forte influence de l’Islam. Le Gaabu qui comprenait une grande partie de la Sénégambie méridionale a profité du déclin du Mali au XVe siècle pour affirmer sa puissance. Mais au XVIIe il se disloque pour donner naissance à de petites entités politiques



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