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LE SURREALISME

INTRODUCTION

Le surréalisme est né de la protestation de quelques jeunes gens en colère qui, horrifiés par l’hécatombe provoquée par la première guerre mondiale (cf. « nous autre civilisations » de Paul Valery) entendaient à leur tour, attaquer et insulter la bourgeoisie et les nantis qu’ils tenaient pour responsables de la faillite de l’esprit du monde occidental. Cependant, force est de reconnaître que le surréalisme, avant même cette angoisse née de la guerre, a ses racines profondes jusque dans le mouvement symboliste au XIXe siècle.

I-LES PRECURSEURS

1-LES SYMBOLISTES

Le XIXe siècle est un siècle de rupture d’avec le romantisme. Déjà Rimbaud affirmait « qu’il faut être résolument moderne » donc, rompre d’avec le passé. Ainsi, que ce soit Baudelaire, Mallarmé, Verlaine ou Lautréamont, la littérature symboliste dans son ensemble atteste dès la fin du XIXe siècle, de la volonté de créer une écriture nouvelle et d’échapper aux imitations de la réalité. Ces poètes, par l’exploitation d’un univers irrationnel, la lutte contre l’intelligence logique, l’effort pour aller au-delà des apparences, jetaient déjà les bases de ce qui sera le surréalisme.

2 – LE MOUVEMENT « DADA »

Le mot « dada » qui ne signifie rien dans le contexte poétique, a prétendument été choisi au hasard par un groupe de poètes ayant à leur tête le Roumain Tristan Tzara pour exprimer leur refus des conventions littéraires, du conformisme social et de la soumission politique. En effet, très choqués par les atrocités de la première guerre mondiale, les dadaïstes entendent exprimer leur « ras le bol » en attaquant Belles-lettres, bon goût et valeurs morales, piliers de la civilisation, qui n’ont pas pu empêcher la boucherie pendant la guerre. Dans ce contexte de l’après guerre, le dadaïsme devient rapidement un mouvement international qui se repend parmi les artistes européens. Quand Tristan Tzara publie en 1918 le manifeste « dada », de nombreux poètes chercheront à provoquer le public, à le tourner en dérision, à clamer la mort de l’art, en un mot à promouvoir le « dérèglement de tous les sens » (Rimbaud). Ce mouvement aboutira quelques temps plu tard à la naissance du surréalisme.

II-LE SURREALISME

1 – DEFINITION

L’adjectif « surréaliste » a été utilisé pour la première fois en 1917 par Guillaume Apollinaire dans la préface de son drame bouffon Les Mamelles de Tirésias. André Breton théoricien de ce mouvement, va s’emparer de ce terme et lui donner une définition devenue très célèbre. Le surréalisme sera pour lui un « Automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle de la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. » Ainsi donc, Breton définira le surréalisme a partir de l’usage de l’écriture automatique.

2 – CARACTERISTIQUES  

Le sens que prendra le mouvement surréaliste va vite déborder cette définition. Il doit s’entendre désormais comme l’attraction portée a un réalisme supérieur, et, plus profond. Les poètes, André Breton, Paul Eluard, Louis Aragon donneront au surréalisme ses lettres de noblesse. Ainsi, de1924 à1942, trois manifestes successifs en résument les thèses (caractéristiques) qui sont :

  • Refus de la logique cartésienne,
  • Goût pour l’irrationnel, le fantastique et le merveilleux,
  • Vif intérêt pour la folie comme forme supérieure de connaissance et source de création artistique,
  • Critique radicale des traditions littéraires, du formalisme et de l’académisme,
  • Libre expression de l’inconscient débarrassé des barrières de la morale (écriture automatique),
  • Révolte permanente contre le conformisme des idéologies et les règles du bon goût.

Le surréalisme comme le notera Gaitan Picon, devient ainsi « ‘’une solution particulière au problème de notre vie’’, une étique, mais une étique de l’incohérence vécue, et non de la cohérence spirituelle construite. De la même manière, il est une esthétique qui rompt avec l’art, la littérature, le langage comme formes organisées. La seule beauté est cette ‘’ beauté convulsive’’ qui – éliminés toute ‘’direction de l’esprit’’, tout ce qui tend vers ‘’l’arrangement en poème’’ toute ‘’préoccupation esthétique ou morale’’- jaillit d’une spontanéité rendue à son chaos primitif. » (Gaëtan Picon« la poésie contemporaine », in Histoire des littératures, Tome II, 1968)

3 – EVOLUTION

La découverte de la psychanalyse et l’influence de Freud se fond sentir dans l’invention des techniques littéraires nouvelles telles, l’écriture automatique ou le jeu des « cadavres exquis ». La révolte de Breton porte en effet le mouvement, non seulement sur le plan de la littérature mais aussi sur le plan de l’art en général et de la politique. En peinture, l’espagnol Salvador Dali ou René Magritte tentent de représenter le rêve et les aspects insolites de la réalité. Sur la scène théâtrale, Jean Cocteau mêle l’opéra et la danse dans Les Mariées de la Tour Eiffel, au cinéma, Luis Buñuel (espagnol) avec son film Un Chien andalou explore les zones mystérieuses de la vie psychique. Son film fit scandale.

Admirateur de Rimbaud, les surréalistes s’efforcent de réaliser le précepte de celui-ci : « changer la vie »et, sous l’impulsion de Breton ils vont adopter un autre mot d’ordre plus politique, celui de Karl Marx : « changer le monde » ; ce qui leur semble indissolublement lié au premier. Ainsi Aragon, Eluard, Breton et Panes adhérent au parti communiste français. Certains vont le quitter, mais Aragon lui, restera fidèle jusqu’à sa mort

4- LE GROUPE

Le « groupe » surréaliste, organisé autour d’Aragon, Breton, Eluard et Philipe Soupault, vécut dans un mouvement perpétuel. Innombrables furent ceux qui subirent l’attraction de ce qui ne fut pas un dogme, mais une « pratique d’existence » (Maurice Blanchot). Parmi ceux-ci on peut citer : Benjamin Péret, Robert Desnos, René Crevel, Antonin Artaud, Raymond Queneau ainsi que Michel Leiris, Jacques Prévert, tandis que René Char, Pierre Reverdy, Max Jacob, Jules Supervielle, Henry Michaux peuvent être considérer comme proche du mouvement. Cette attraction est durable pour les uns, pour les autres éphémères. Il ne faut pas perdre de vu que le noyau de cette nébuleuse fut André Breton qui, au fil des années, décida des intégrations et des rejets. C’est aussi autour de sa personne et en fonction de son évolution que se définirent les trajectoires de ses compagnons. Naturellement, la flamme du mouvement surréaliste s’éteindra avec la disparition de celui qui est considéré par la postérité comme le « pape du surréalisme » : André Breton en 1966.

CONCLUSION

Par le renouvellement de l’écriture, l’exubérance des images, la liberté dont il fait preuve, le mouvement surréaliste a profondément influé en France comme à l’étranger sur l’évolution l’art et de la littérature. Il ne voulut pas se contenter d’être une « école » littéraire de plus, harmonieusement inscrite dans le sillage du romantisme, du réalisme et du symbolisme qui avaient marqué le siècle précédent. Refusant de se réduire à la stricte littérature, il eut l’ambition plus vaste d’opérer une véritable révolution des sensibilités et des mentalités. Il voulut comme le dit Aragon, promulguer « une nouvelle déclaration des droit de l’homme », par le moyen (le terme cette fois est de Breton) d’ « une plus grande émancipation de l’esprit ».


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